Refonder la pensée écologique et repenser nos logiques de civilisation : vers une Ontologie de l’Étant

 


Refonder la pensée écologique et repenser nos logiques de civilisation : vers une Ontologie de l’Étant

« Agir autrement et, il y a urgence : exige de penser autrement »

Résumé

Cet article présente une refondation conceptuelle fondée sur trois prémices simples mais radicales :

    1.La raison détermine la logique, la logique fonde le savoir, la culture et la civilisation ;

    2.Rien n’existe par soi ni pour soi : tout est relation et interdépendance ;

    3.Aucune chose ne porte en elle sa propre négation, sauf par l’usage humain.

Ces prémices conduisent à une critique des logiques positivistes qui dominent nos institutions et à la proposition d’une nouvelle approche : l’Ontologie de l’Étant intégrée dans la méthode ODEA (Ontologie – Déontologie – Éthique – Altérité). Cette approche permet de repenser l’écologie comme logique fondamentale du vivant, non comme technicisme (« écologisme »), et ouvre la voie à une culture pascalo-quantique adaptée à la complexité du monde contemporain.

1. Introduction

Agir autrement exige de penser autrement. Pourtant, notre époque tente désespérément de modifier ses comportements sans transformer ses catégories mentales, épistémologiques ni culturelles. Nous persistons à utiliser des logiques obsolètes — positivistes, mécaniques, segmentées — pour comprendre un monde fondamentalement relationnel, systémique et dynamique.

L’enjeu n’est pas seulement écologique ou politique : il est ontologique.

Nous avons besoin d’une nouvelle manière de concevoir ce que « être » veut dire.

2. Les trois prémices fondatrices

        2.1. La raison fait la logique ; la logique fait le savoir, la culture et la civilisation

Une raison schizophrénique ou paranoïaque engendre des logiques du même ordre, lesquelles produisent des cultures et des civilisations elles-mêmes schizophréniques ou paranoïaques.

Cette prémices invite à revoir nos logiques avant de prétendre agir.

        2.2. Rien n’existe par soi ni pour soi

Au niveau subatomique comme au niveau cosmique, rien n’existe isolément. Tout est relation, interaction, coémergence.

Cette idée est confirmée par la biologie moderne, la physique quantique, la systémique et l’écologie scientifique.

        2.3. Rien ne porte en soi sa propre négation — sauf par l’usage humain 

Dans la nature, aucune entité n’est auto-destructrice par essence.

La négativité apparaît chez l’humain par sa capacité d’intention, ce qui en fait l’être de la mesure… mais aussi parfois de la démesure.

3. De l’être à l’étant : une révolution copernicienne

L’ontologie traditionnelle a fait de l’« être » une abstraction quasi démiurgique, une entité prométhéenne.

Mais le préfixe onto- est historiquement le participe présent grec : « étant ».

L’ontologie devrait être la logique de l’étant, c’est-à-dire la logique des êtres situés, relationnels, interdépendants.

Cela inverse tout :

Du fondement vers les relations,

Du statique vers le dynamique,

Du souverain vers le situé,

Du séparé vers l’interconnecté.

Nous entrons dans une ontologie non plus souveraine mais écologique.

4. ODEA : une méthode pour refonder la pensée

La méthode ODEA articule quatre axes :

        4.1. Ontologie de l’étant

Comprendre l’être humain, les sociétés et le vivant comme systèmes relationnels en constante coévolution.

        4.2. Déontologie

Le devoir découle de l’être-relation et non d’un être-souverain.

Nos obligations sont systémiques, pas seulement juridiques ou morales.

        4.3. Éthique

L’éthique n’est plus un supplément moral, mais un mode d’agencement harmonieux dans les systèmes interdépendants.

        4.4. Altérité

L’altérité devient constitutive : ce qui est « autre » n’est pas un en-dehors mais un co-agent du réel.

5. L’écologie comme logique fondamentale

Le climat n’est qu’un symptôme.

L’écologie n’est pas une discipline, mais la structure du réel :

interdépendance, limites, cycles, rétroactions, coévolution.

L’écologisme contemporain, positiviste, s’est focalisé sur le « comment » (mesures, techniques, régulations).

Mais sans « pourquoi », il ne produit que des conséquences ajoutées à des conséquences.

La transformation écologique est ontologique, pas technique.

6. Vers une culture pascalo-quantique

Pascal rappelait que l’humain est « milieu entre deux infinis » et que « l’homme passe infiniment l’homme ».

Cette perspective, reliée aux apports de la physique quantique (incomplétude, indétermination, non-localité), fonde une culture :

Consciente de la complexité,

Prudente,

Responsable,

Non anthropocentrique mais anthropologique,

Lucide sur nos limites et nos interdépendances.

Conclusion

Nous ne sortirons pas de la crise écologique, culturelle et civilisationnelle par une accumulation de mesures techniques.

Il nous faut une révolution du regard : une ontologie de l’étant, insérée dans une méthode ODEA, permettant d’aligner logique, connaissance, culture, civilisation et pratique écologique.


Agir autrement exige de penser autrement. 

Et penser autrement exige de devenir autres.









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