C’est quoi la science au 21ème siècle ? Une solution devenue un problème par scientisme !


C’est quoi la science au 21ème siècle ? Une solution devenue un problème par scientisme !

Notre science moderne au modernisme, paroxysme de modernité et plus simple modernité : est sérieusement problématique !

Question d'épistémologie sur une science devenue problématique pour qui a un minimum de conscience en termes d'écologie et d'Humanité ! 

C’est quoi la science au 21ème siècle ? Une solution devenue un problème par scientisme !

Résumé

La science moderne, fondée sur le paradigme cartésien et prolongée par le positivisme comtien, a constitué un moteur majeur de connaissance et de transformation du monde. Pourtant, au 21ème siècle, elle apparaît en crise profonde. Non parce que les connaissances seraient insuffisantes – nous disposons au contraire des outils conceptuels les plus avancés de notre histoire – mais parce que les fondements épistémologiques, ontologiques et pratiques de cette science restent prisonniers d’un modèle réductionniste, fragmentaire et techniciste incompatible avec la complexité réelle du monde. 

Le scientisme, toujours actif sous des formes nouvelles, transforme la science en instrument de pouvoir, la coupant de sa responsabilité en termes, non pas d’humanisme, car là elle performe ; mais en termes d’Humanité, de ce qui devrait nous « animer » : notre âme humaine ! Aussi en termes d’écologie et d’économie : sœurs jumelles devenues sœurs ennemies ! 

Cet article soutient que la science moderne, par ses bases mêmes, est devenue crisique : elle divise l’indivisible, simplifie le complexe, manipule ce qui devrait être compris, et alimente ainsi la dystopie planétaire contemporaine. Une science nouvelle, pascalienne dans sa philosophie, quantique dans ses implications épistémologiques, et complexe au sens de Morin, est nécessaire pour refonder une “vérité utopique” conforme au principe d’humanité.


1. Introduction : 

De ce qui devait être une solution et qui est devenu un problème par scientisme

« C’est quoi la science au 21ème siècle ? »

La question, superficiellement banale, ouvre en réalité une crise épistémologique majeure.

Depuis trois siècles, la science moderne a été présentée comme la solution :

– solution à l’ignorance,

– solution aux maladies,

– solution à la pénurie,

– solution à l’obscurantisme,

– solution au désordre du monde.

Or, paradoxalement, au 21ème siècle, la science telle qu’elle est pratiquée devient elle-même un problème :

– délétère pour les écosystèmes,

– mortifère pour l’humanité,

– instrumentalisée par la technocratie,

– détournée par l’économie,

– coupée du politique,

– dépossédée de l’éthique.

Il ne s’agit pas ici d’antiscience, mais d’un diagnostic épistémologique :

la science moderne est en crise parce que ses bases fondatrices sont en crise.


2. Les fondements cartésiens et positivistes : un modèle épistémologique devenu obsolète

La science moderne est née sur un double socle :

Descartes, qui institue la séparation radicale sujet/objet, la mathématisation du réel et la réduction de la nature à l’étendue mesurable ;

Comte, qui élève la science positive au rang de norme absolue, substituant les faits aux valeurs et la rationalité technique à la délibération philosophique.

Ces principes ont permis l’essor scientifique, mais au prix d’une simplification extrême :

– réduction du réel aux variables isolables ;

– fragmentation des phénomènes ;

– croyance en un monde décomposable ;

– effacement du sujet connaissant ;

– domination de la causalité linéaire ;

– rejet du qualitatif et du complexe.

Ce paradigme – que Morin nommera “paradigme de simplification” – a longtemps produit des résultats.

Mais il est devenu structurellement inapte à comprendre le réel du 21ème siècle : un réel interconnecté, incertain, instable, multidimensionnel, relationnel.

Autrement dit :

nous continuons d’utiliser une science du 17ème siècle dans un monde du 21ème siècle.


3. Le scientisme renouvelé : une “religion moderne” camouflée

Le scientisme classique, formulé au 21ème siècle, proclamait que seule la science produit des vérités et que la société doit être gouvernée par les savants.

Ce scientisme, que l’on croyait dépassé, ressurgit aujourd’hui sous une forme nouvelle :

le scientisme technocratique, celui des données, des algorithmes, de la modélisation intégrale du monde.

Ses caractéristiques sont claires :

– substitution de l’expertise au jugement ;

– réduction de l’humain à une variable ;

– instrumentalisation de la connaissance ;

– domination de l’ingénierie sur la pensée ;

– primat de l’efficacité sur le sens ;

– effacement de l’éthique au profit de la performance.

Nous n’avons donc pas dépassé le scientisme :

nous l’avons perfectionné.

Il n’est plus visible parce qu’il ne se présente plus comme idéologie, mais comme nécessité technique.


4. La science moderne comme science « crisique » : diviser l’indivisible

La thèse centrale est la suivante :

la science moderne est en crise parce que ses fondements sont eux-mêmes crisiques.

Elle cherche à diviser ce qui n’est pas divisible :

– l’esprit et la matière ;

– le vivant et son milieu ;

– le sujet et l’objet ;

– l’économie et l’écologie ;

– l’éthique et la connaissance ;

– l’humanité et le monde.

Elle fragmente ce qui est holistique.

Elle simplifie ce qui est complexe.

Elle manipule ce qui exige compréhension.

Elle contrôle ce qui requiert symbiose.

C’est une épistémologie de la séparation qui affronte un monde de la relation.

Donc elle produit mécaniquement de la destruction :

environnementale, sociale, cognitive, existentielle.

Il ne s’agit pas d’un “mauvais usage” de la science.

Il s’agit d’une science mal fondée.


5. Le paradoxe central : nous avons les bonnes connaissances, mais pas les bonnes pratiques

Ce point est décisif :

la crise n’est pas un déficit de connaissances.

Nous avons aujourd’hui :

– les théories de la complexité ;

– les modèles systémiques ;

– la physique quantique ;

– les sciences de l’écologie intégrée ;

– les neurosciences non-réductionnistes ;

– la cybernétique de second ordre ;

– les théories de l’incertitude ;

– les épistémologies relationnelles.

Mais ces connaissances ne sont pas mises en pratique, car elles impliqueraient :

– prudence,

– responsabilité,

– limite,

– sobriété,

– interdépendance,

– fin de la domination technologique.

Or, ces contraintes heurtent la logique du système technoscientifique dominé par :

– la croissance,

– la rentabilité,

– l’innovation forcée,

– le profit court-termiste,

– la surveillance numérique,

– l’ingénierie sociale.

On ne peut avoir une science éthique dans un système qui récompense la prédation.


6. La physique quantique : la science que l’on utilise mais dont on refuse les implications épistémologiques

Ironie fondamentale de notre époque :

nous utilisons la physique quantique pour produire des technologies (laser, GPS, IRM, transistors),

mais nous refusons d’en intégrer les conséquences épistémologiques.

Or celles-ci ruinent les fondements du modèle cartésien :

– l’observateur participe au phénomène ;

– le réel n’est pas totalement déterministe ;

– l’incertitude est constitutive ;

– la relation prime sur l’entité ;

– la complémentarité remplace la séparation ;

– la réalité est non locale et intriquée.

Autrement dit :

la physique quantique invalide le paradigme qui sert encore à penser la science.

D’où la schizophrénie contemporaine :

une science quantique en laboratoire,

une science cartésienne dans les institutions.

Mais, en cette année 2025, qui fête le centenaire de la physique quantique et, décrétée par l’ONU sou l’égide de l’UNESCO, « Année Internationale de la Science et des Technologies quantiques. Mais où sont passées les « conclusions hautement épistémologiques », établies par les physiciens eux-mêmes : théorèmes d’incomplétude, d’incertitude et d’impossibilité ?  

7. Pour une science pascalienne, quantique et complexe : refonder l’épistémologie

Ce que révèle la crise actuelle, c’est la nécessité d’une révolution paradigmatique.

1) Une science pascalienne

Pascal offre une pensée de la pluralité, de la complexité humaine, de l’intime, de la limite.

Il reconnaît que “le cœur a ses raisons”, c’est-à-dire que la connaissance humaine ne peut être réduite à la rationalité calculatrice.

2) Une science quantique

Une science qui accepte :

– l’incertitude,

– la non-séparabilité,

– l’implication du sujet,

– l’indétermination du réel,

– la complémentarité et non la disjonction.

3) Une science complexe (Morin)

C’est-à-dire une science qui relie :

– la biologie et l’écologie,

– la physique et la métaphysique,

– l’individu et la société,

– le savoir et l’éthique,

– l’analyse et la synthèse.

Cette triple révolution – pascalienne, quantique, complexe – constitue la base d’une science de l’humanité, au service du principe d’humanité.


Conclusion : la véralité utopique contre la dystopie moderne

Nous vivons dans une dystopie technoscientifique née non de la science en elle-même, mais de sa dérive épistémologique, économique et politique.

La seule issue est l’avènement d’une science nouvelle, conforme à ce qu’il conviendrait d’appeler la « véralité utopique » :

ce qui devrait être, ce qui est possiblement vrai parce que conforme au réel profond ontologique du monde et à la vocation humaine.

Cette science refondée ne nie pas la modernité :

elle l’accomplit en l’intégrant à un cadre plus vaste, plus responsable, plus humain.

La science moderne est en crise.

Non parce qu’elle serait un échec, mais parce qu’elle atteint la limite de son paradigme.

Seule une transformation épistémologique radicale, fondée sur la complexité et le principe d’humanité, pourra faire advenir une science digne du 21ème siècle.






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